La Turquie entame avec le Qatar une médiation pour désamorcer la crise libanaise. A quelques jours d’une importante réunion sur le nucléaire iranien à Istanbul, le ministre des Affaires Étrangères rejette l’idée française d’exclure Téhéran des négociations.
Moins de 24h après avoir accepté lundi la proposition française de créer un « groupe de contact » entre pays du Moyen-Orient (Turquie, Syrie, Qatar, Arabie Saoudite) et puissances occidentales (Etats-Unis et France) pour résoudre la crise libanaise, le gouvernement turc est en partie revenu hier sur sa décision et propose désormais un « plan d’action » régional incluant l’Iran.
Entre-temps, le ministre des Affaires Étrangères iranien, Ali Akabar Saheli , qui avait déclaré plus tôt ne voir « aucun avantage à ce que des acteurs étrangers s’implique dans cette affaire », s’est rendu à Ankara où il s’est entretenu toute la nuit avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu.
Le lendemain, en route pour Beyrouth, M.Davutoglu a nuancé la position turque : « nous serions ravis de participer à une réunion sous l’égide de la France […] dont la présence au Conseil de sécurité des Nations-Unies est déterminante […] mais l’effort doit être régional, sans quoi les solutions n’auront rien de durable ».
Interrogé sur le rôle de l’Iran dans la médiation, il a estimé qu’ « aucun acteur ne doit être écarté de ce processus » dont, a-t-il ajouté, le Hezbollah, « de par son important soutien dans la société libanaise, est l’un des principaux éléments » .
En privé, M.Davutoglu s’est dit inquiet que la crise libanaise ne viennent perturber la tenue du sommet sur le nucléaire iranien qui réunira les 21 et 22 janvier prochain à Istanbul le groupe « P5+1 » (les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) et la délégation iranienne.
C’est dans cet esprit qu’il a rejoint hier à Beyrouth le Premier ministre qatari Hamad bin Jassim bin Jaber al Thani pour entamer une série de négociations, en commençant par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Divisé
La crise libanais a éclaté le 12 janvier dernier quand l’organisation chiite, financé en partie par Téhéran, a démissionné et entrainée la chute du gouvernement d’union mené par Saad Hariri.
Le mouvement islamiste et ses alliés –Amal et partis chrétiens – protestent contre le refus du Premier ministre de dénoncer le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) crée en 2006 par l’ONU pour enquêter sur l’assassinat de son père et ancien dirigeant Rafic Hariri.
Le Hezbollah, soupçonné au même titre que les services secrets syriens, ne reconnait pas la légitimité du tribunal, qu’il accuse d’être « un outil sioniste » .
Le Liban est divisé entre une communauté sunnite pro-Hariri soutenue par les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite d’une part, et une communauté chiite soutenue par la Syrie et l’Iran de l’autre.
Après des mois de tractations, le tandem syro-saoudien, sous l’égide duquel se menait traditionnellement les négociations, a laisser place au couple Turquie/Qatar, à priori plus neutre en terrain libanais.
Le ministre saoudien des Affaires Étrangères, le prince Saoud al-Faisal, a annoncé ce matin sur la chaine émiratie Al-Arabia que l’Arabie Saoudite arrêtait tout effort de médiation, la situation devenant par trop « dangereuse ».