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LA TURQUIE ALOURDIT SES SANCTIONS CONTRE LA SYRIE

La guerre économique contre Damas franchit une étape avec l’augmentation des tarifs douaniers.

Le poste frontière de Nusaybin entre la Turquie et la Syrie, fermé pour cause de "maintenance"

Le ministre turc du Commerce et des Douanes, M. Hayati Yazici, a annoncé mercredi  7 décembre l’établissement de nouvelles sanctions contre le régime de Bachar el-Assad, parmi lesquelles la levée d’une taxe de 30% sur les marchandises venant de Syrie.

Ces décisions viennent compléter l’éventail de sanctions imposées à Damas par le gouvernement turc le 30 novembre dernier, parmi lesquels une interruption des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et la Banque Centrale syrienne, ainsi qu’un gel des avoirs du régime al-Assad en Turquie.

Damas avait répliqué en suspendant un accord de libre-échange passé en 2004 après de longues négociations avec Ankara. La Syrie avait aussi augmenté ses tarifs douaniers avec la Turquie et ses prix pétroliers, et mis des entraves au transport routier entre les deux pays.

Mercredi le ministre de l’Economie turc, M. Zafer Caglayan, annoncait à cet égard que la Turquie commencerait dès cette semaine à exporter sa production vers l’Egypte à travers l’Irak et la Jordanie, pour contourner les routes commerciales syrienne utilisées jusque là.

Accrochage

Accusé d’accueillir à Istanbul le Conseil National Syrien, principal groupe d’opposants au régime, la Turquie est également soupçonnée d’abriter près de la ville d’Antakya, non loin de la frontière, des camps de l’Armée Syrienne Libre, formée de déserteurs de l’armé régulière du régime.

Damas s’insurge régulièrement contre l’entrée de ces « groupes terroristes armés » sur son territoire. Après un accrochage mardi soir au cours duquel des gardes frontières syrien ont mis en fuite un groupe d’une quarantaine d’individus, la Turquie s’en est défendue hier sans désigné ouvertement son voisin, en affirmant qu’elle n’ « autorisait pas des groupes armés a lancer des attaques contre d’autres pays » .

Une déclaration salué par le gouvernement syrien, qui a toutefois décider de fermé jusqu’à nouvel ordre le poste-frontière de Nusaybin, le long de la frontière avec la Turquie,  pour cause de « maintenance« .

Hier matin un attentat à la bombe a par ailleurs gravement endommagé l’oléoduc principal reliant les champs de pétrole à l’est du pays à la ville de Homs.

Ankara et Washington « perdent patience »

Ces événements surviennent alors qu’Istanbul a accueilli samedi dernier le vice-président américain Joe Biden, en visite dans la région pour officialiser le départ des troupes américaines d’Irak.
Il a rencontré en début de semaine à Bagdad le Premier ministre Nouri al-Maliki, souvent accusé de collusion avec l’Iran. Le gouvernement irakien, qui n’a pas voté les sanctions de la Ligue Arabe contre la Syrie, craint qu’une chute du pouvoir chiite à Damas n’offre une base arrière aux groupes sécessionnistes sunnites de la province occidentale d’al-Anbar.

Lors d’une conférence de presse avec le président turc, M Abdullah Gül, M. Biden a affirmé que l' »influence iranienne diminue dans la région » et souligné sa « conviction, que partagent les Turcs, qu’Assad et son régime sont actuellement la source d’instabilité en Syrie et posent le plus grand risque d’attiser les conflits confessionnels, pas seulement en Syrie mais au-delà » .

Il a ajouté que les Etats Unis et la Turquie « perdent patience et demande au président Assad de se retirer » .

A noter pour conclure,  M. Ahmet Davutoglü, l’omniprésent ministre des Affaires Etrangères turc, assistera au sommet OTAN/Russie ce jeudi à Bruxelles. Crise syrienne et radar turc seront à n’en pas douter au cœur des discussions.

Le + du Grand Turc : Alors qu’Ankara alourdissait sa pression sur l’économie syrienne, Bachar al-Assad donnait mercredi à la chaine américaine ABC une interview surréaliste où le dictateur récusait toute responsabilité dans la répression. « Ce reproche n’est pas crédible […] Je ne suis pas roi« ,  a-t-il déclaré avec le plus grand sérieux, « ce n’est pas mon armée personnelle » .

Après avoir soutenu que la plupart des 4500 morts étaient en réalité des « supporters » du régime, tués par la résistance, il a conclu en soulignant qu’il faudrait être « fou » pour donner de tels ordres.

Pour une fois il ne croit peut-être pas si bien dire.

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SYRIE: ANKARA MET SES MENACES A ÉXÉCUTION

Ankara emboite le pas de la Ligue Arabe en annonçant ce matin une série de sanctions économiques contre le régime syrien.
En réaction, la Russie envoie sa flotte en méditerranée.

Le ministre des Affaires Étrangères turc Ahmet Davutoglü considère que le régime syrien est « dans l’impasse »

Après de nombreux ultimatums et autant d’appels au calme, la Turquie a finalement mis ses menaces à exécution.

Huit mois après le début de la répression en Syrie, le ministre des Affaires Etrangères turc M.Ahmet Davutoglü a annoncé ce matin une série de sanctions économiques contre Damas assortie d’un embargo sur les armes.
En plus du gel des transactions commerciales et des transactions financières entre les banques centrales des deux pays, la Turquie stoppe toute coopération stratégique avec son voisin.
M Davutoglü a toutefois officiellement rejeté l’idée de couper les livraisons d’eau ou d’électricité, comme l’avait pourtant évoqué la semaine dernière le ministre de l’Energie Taner Yildiz.

Ces sanctions sont l’aboutissement d’un effort diplomatique coordonné avec la Ligue Arabe pour faire plier le régime el-Assad.
Réunis au Caire dimanche dernier en présence de M. Davutoglü, les ministres des Affaires Etrangères de l’organisation ont pris une série mesures de similaires, ainsi que le gel des avoirs syriens et l’arrêt des liaisons aériennes avec Damas.

La Syrie a été suspendu de la Ligue Arabe le 12 novembre dernier alors que l’ONU estime à plus de 4000 le nombre de civils tués depuis le début des troubles en mars, dont au moins 200 mineurs torturés à mort.

« GUERRE ÉCONOMIQUE » 

Avec ce train de sanction, le régime de Damas se trouve dans une situation précaire, qualifié par son ministre des Affaires Etrangères, Walid Al-Moallem, de véritable « guerre économique ». La Syrie, qui dispose de peu de matières premières,  réalise la majorité de ses exportations avec ses voisins arabes et turcs.

De son côté, la Turquie perd là un partenaire économique qui gagnait en importance ces dernières années.
Très dépendante de son commerce extérieur, la Turquie a besoin des routes syriennes pour exporter ses produits vers le reste du Machrek. Après avoir aboli l’obligation de visa en 2009, le volume des échanges entre les deux pays avait atteint 2.5 milliards de dollars l’an dernier.

Interrogé sur la question, le ministre turc des Transports, Binali Yildrim, a annoncé mardi qu’Ankara prévoyait l’ouverture de nouveaux postes frontières avec l’Irak, qui est appelé selon lui à devenir « la nouvelle route commerciale » de la Turquie.

LA RUSSIE HAUSSE LE TON

L'Amiral Kouznetov, le seul porte-avions russe, en route pour les côtes syriennes. Moscou assure que ces manoeuvres étaient prévues de longue date.

Autre source d’inquiétude à Ankara, les tensions grandissantes avec Moscou qui est aussi son premier partenaire énergétique.

Après avoir bloqué le mois dernier à l’ONU le projet de résolution contre le régime de Bachar-el-Assad, le ministre russe des Affaires Étrangères Serguei Lavrov, s’est insurgé hier contre l’ « injuste » embargo sur les armes imposé à la Syrie.
La Russie, qui lui aura fourni cette année pour 3.5 milliards de dollars de matériel militaire, s’occupe principalement de la modernisation de ses forces armées (chars T-72, Mig-29…) et l’installation de batteries de missiles sol-air S-300.

L’amirauté russe a d’ores et déjà annoncé le déploiement avant la fin de l’année d’une partie de sa flotte, notamment son unique porte-avions, le Kouznetsov, au large du port de Tartous où Moscou dispose d’une base permanente.

La Turquie quand à elle, si elle rejette toujours le principe d’une intervention militaire, s’est toutefois déclaré prête « à tous les scénarios« .

Le + du Grand Turc: le rapprochement des frères ennemis se poursuit : après la visite la semaine dernière d’Alain Juppé à Ankara, la France a invité la Turquie à la réunion des ministres des Affaires Étrangères européens demain à Bruxelles pour évoquer le cas syrien.
Une première qu’en toute subjectivité la rédaction du Grand Turc applaudit des deux mains.

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